Pour ce nouvel article, je vous propose de décortiquer les salaires au Québec. Je vais vous expliquer la différence entre le salaire brut et le salaire net, détailler les cotisations qui sont prélevées sur chacune de vos paies et vous aider à comprendre le calcul des impôts.

Enfin, je ferai une comparaison avec les salaires en France pour aider les expatriés ou futurs expatriés à s’y retrouver.

C’est à mon avis important de connaître en détails votre salaire, ce qui rentre dans vos poches, et surtout, ce qui n’y rentre pas, et pour quelles raisons. C’est la base d’une bonne gestion de vos finances personnelles et cela vous permettra ensuite d’évaluer votre budget mensuel plus efficacement, d’estimer votre épargne et éventuellement d’optimiser votre salaire au prochain changement de job ou à la prochaine négociation avec votre supérieur 😉.

Et à terme, cela vous emmènera vers toujours plus de liberté financière !! 🤑🚀

 

Le salaire brut et le salaire net

 

Commençons par la base, le salaire brut.

Le salaire brut est celui que votre employeur va vous communiquer lors de votre entretien d’embauche, celui que vous allez négocier et celui que vous allez accepter (ou pas 😊 ).

Imaginons un emploi rémunéré au salaire de 47 000 $.

Ces 47 000$ correspondent donc à votre salaire brut.

De ce salaire brut seront prélevés à chaque paie diverses cotisations obligatoires ainsi que des impôts.

Le résultat de la soustraction Salaire brut – cotisations obligatoires – impôts vous donnera votre salaire net.

Ce salaire net vous sera ensuite versé chaque semaine (52 versements par an) ou chaque deux semaines (26 versements par an), souvent le jeudi.

(NOTE : Il existe ici une différence avec la France puisqu’en France, on appelle « salaire net » le salaire calculé après prélèvement des cotisations uniquement, et donc avant le prélèvement de l’impôt sur le revenu)

 

Les cotisations obligatoires

 

Au Québec, les cotisations obligatoires sont beaucoup moins nombreuses et compliquées qu’en France !

Elles sont au nombre de 3 :

  • La cotisation au Régime des Rentes du Québec (RRQ) : pour cotiser pour votre futur retraite
  • La cotisation au Régime Québécois d’Assurance Parentale (RQAP) : pour couvrir les dépenses liées aux congés parentaux
  • La cotisation à l’Assurance Emploi (AE) : pour vous couvrir temporairement en cas de perte d’emploi

D’autres cotisations peuvent s’appliquer selon votre situation et votre employeur : cotisation syndicale, paiement d’assurance, participation à un régime de retraite privé, etc, mais étant spécifiques à certains cas seulement, je ne les détaillerai pas ici. Si vous en avez, je vous invite cependant à les identifier sur votre fiche de paie pour bien les comprendre 🙂.

 

Voici maintenant pour chacune des cotisations leur taux et critères de calcul (chiffres 2022) : 

Cotisations Taux de cotisation Salaire minimum pris en compte Salaire maximum pris en compte Montant annuel maximum
Régime des rentes du Québec (RRQ) 6.15% 3 500 $ 64 900 $ 3 776 $
Régime Québécois d'Assurance Parentale (RQAP) 0.494% 0 $ 88 000 $ 435 $
Assurance Emploi (AE) 1.20% 0 $ 60 300 $ 724 $
TOTAL 4 934 $

Sources : Revenu Québec et Revenu Canada

(NOTE : il s’agit ici des taux appliqués aux employés, ils sont différents pour les travailleurs autonomes) 

Le salaire minimum signifie que vous ne paierez la cotisation que pour la tranche de votre salaire supérieur au montant indiqué et inversement, le salaire maximum est la limite prise en compte pour le calcul de la cotisation. Ainsi, si vous avez un salaire annuel de 70 000 $, vous ne paierez plus de RRQ une fois que vous aurez touché 64 900$ sur l’année. Cela se ressentira alors sur votre paie 😉. 

Par exemple, si on reprend notre salaire brut de 47 000$ nous aurons donc des cotisations totales sur l’année de 3 471 $ soit 7.4%, décomposées  ainsi :

  • 2675 $ de RRQ => (47 000 – 3500) * 6.15%
  • 232 $ de RQAP => 47 000 * 0.494%
  • 564 $ de AE => 47 000 * 1.20%

 Et voilà, c’est aussi simple que ça !

La différence avec la France est le nombre de cotisations et le taux global de cotisation. Alors qu’au Québec, selon le salaire, on oscille entre 4 et 7.5%, en France on est plutôt aux alentours de 22% pour les non cadres et 23.5% pour les cadres (mais nous verrons plus bas qu’inversement, les impôts sont beaucoup plus élevés au Québec).

Voici maintenant un tableau affichant le montant total de cotisation et le taux de cotisation pour toute une série de salaires bruts : 

On voit que le montant total de cotisation plafonne au delà d’un certain salaire car chaque cotisation possède un salaire maximum pris en compte. Le taux baisse donc logiquement ensuite. 

 

Les impôts

 

En plus des cotisations obligatoires détaillées ci-dessus, viennent s’ajouter deux impôts : l’impôt fédéral (payé au gouvernement du Canada) et l’impôt provincial (payé au gouvernement du Québec).

Ces impôts sont calculés sur la base de votre revenu imposable par tranche d’imposition (le principe est le même qu’en France).

Voici les tranches d’imposition de l’impôt provincial (chiffres 2022) :

Tranche Montant min Montant max Taux d'imposition
Tranche 1 0 $ 16 143 $ 0 %
Tranche 2 16 143 $ 46 295 $ 15 %
Tranche 3 46 295 $ 92 580 $ 20 %
Tranche 4 92 580 $ 112 655 $ 24 %
Tranche 5 112 655 $ infini 25.75 %

Source Revenu Québec

Ces tranches signifient que sur les 16 143 premiers dollars de votre salaire annuel, vous ne paierez aucun impôt. Sur les dollars entre 16 143 et 46 295 vous paierez 15 % d’impôt et ainsi de suite jusqu’à votre salaire annuel complet.

 

Voici maintenant les tranches de l’impôt fédéral :

Tranche Montant min Montant max Taux fédéral Taux avec abattement du Québec
Tranche 1 0 $ 14 398 $ 0 % 0 %
Tranche 2 14 398 $ 50 197 $ 15 % 12.53%
Tranche 3 50 197 $ 100 392 $ 20.50 % 17.12 %
Tranche 4 100 392 $ 155 625 $ 26 % 21.71 %
Tranche 5 155 625 $ 221 708 $ 29 % 24.22 %
Tranche 6 221 708 $ infini 33 % 27.56 %

Source Revenu Canada et Desjardins

A noter que les tranches #1 n’existent pas officiellement mais je les ai ajoutées pour illustrer le crédit d’impôt pour montant personnel de base qui permet de ne pas payer d’impôt sur les 16 143 premiers dollars au Québec et les 14 398 premiers dollars au Canada.

Mais voir ces tranches ne vous avance pas forcément plus…!

Reprenons alors l’exemple de notre salaire de 47 000$ : 

Sur ces 47 000 $, je ne paierai donc aucun impôt au Québec de 0 à 16 143 $ puis 15 % de 16 143 $ à 46 295 $ (soit 4 523 $) et 20% de 46 295 $ à 47 000$ soit 141 $

Pour un impôt provincial total de 4 664 $.

Le même exercice doit être fait ensuite avec les tranches de l’impôt fédéral.

 

NOTE : j’ai considéré ici qu’aucune déduction n’avait été faite sur le salaire de 47 000$, c’est rarement le cas. Il existe de nombreuses déductions possibles pour baisser votre revenu imposable, la plus connue sans doute étant la déduction pour cotisation à un REER. Je ne détaillerai pas dans cet article toutes les déductions possibles mais je vous renvoie à cette page pour en avoir une bonne liste)

 Au final, votre salaire brut de 47 000 $ se transformera donc en un salaire net de :

$47 000 $ – 3 650 $ de cotisations – 8 749 $ d’impôts  = 34 601 $

 

Afin de vous faciliter la vie, je vous propose un calculateur au format Excel. Grâce à ce calculateur, vous pourrez calculer votre salaire net et avoir tous les détails de calcul des cotisations et des impôts. Vous pourrez également paramétrer les taux et montants à votre guise pour les faire évoluer dans les années futures. J’ai également ajouté une section conversion en Euros pour celles et ceux qui souhaitent comparer avec les salaires français.

Avec ça vous maîtriserez le sujet sur le bout des doigts 😊

Comparaison avec la France 

Beaucoup d’expatriés ou futurs expatriés se demandent s’il est plus intéressant de vivre en France ou au Québec d’un point de vue imposition, ou se demande quel salaire demander pour garder le même niveau de vie qu’en France.

Toutes ces questions ne sont pas si simples à répondre mais voici quelques informations qui pourraient vous guider :

  • En France, les cotisations obligatoires représentent 22% de votre salaire brut (un peu plus pour les salariés cadres) alors qu’au Québec elles ne représentent qu’entre 4% et 7.5% de votre salaire annuel (dépendamment de votre salaire)
  • MAIS les impôts sont plus importants au Québec qu’en France : pour un salaire de 30 000 € en France vous paierez 6.2% d’impôt sur le revenu (pour un célibataire sans enfant) alors que pour le même salaire converti en dollars, soit environ 39 000$, vous paierez 22% d’impôt
  • L’un dans l’autre, on constate que le total des retenues sur salaire (cotisations obligatoires + impôts) est quand même plus important en France qu’au Québec. 

Voici un graphique pour illustrer tout ça :

 

Comment lire ce graphe ?

Tout d’abord, sur un écran d’ordinateur, car sinon c’est trop petit 😅.

Les montants affichés sur l’axe X sont les salaires bruts en euros. 

Ainsi pour un salaire brut de 40 000 € en France, vous toucherez au final dans vos poches (après cotisations et impôts donc) 69.80% de votre salaire brut.

Ensuite, pour un salaire au Québec équivalent à 40 000 € (en convertissant au taux en vigueur, soit 1.3 environ au 21/07/2022) vous toucherez 72.08% de votre salaire brut. 

On remarque donc grâce à ce graphe qu’à salaire équivalent, on touche une part plus importante de son salaire brut au Québec qu’en France. C’est particulièrement flagrant pour les bas salaires qui paient autant de cotisations obligatoires que les hauts salaires en France, ce qui peut paraître étrange… 

Tout ça n’est finalement pas si étonnant puisque la France est considéré comme l’un des pays les plus taxé au monde.

Sachant cela, vous aurez alors une meilleure idée de quel salaire au Québec équivaut à votre salaire en France. Par exemple, si vous gagnez 30 000 € brut en France, vous touchez au final 21 951 € net. A salaire équivalent au Québec, soit 39 000 $CAD au taux actuel de 1.3, vous toucherez 29 643 $CAD soit 22 803 €, donc davantage qu’en France.

Comme je considère que le coût de la vie est sensiblement équivalent dans les deux pays, vous gagnerez donc globalement plus au Québec qu’en France, mais n’oubliez pas qu’au Québec, il est important de cotiser soi-même pour sa propre retraite alors qu’en France, on considère (de moins en moins cependant) que cotiser à la retraite gouvernemental est suffisant.

N’oubliez donc pas de mettre de côté au maximum, en bon frugaliste 😉.

 

Conclusion

 

Cet article est assez long et contient beaucoup de chiffres et de calculs, j’espère donc qu’il est assez clair et que je ne vous ai pas perdu en route  !

J’espère également que ces explications sur les salaires au Québec et la comparaison avec les salaires français vous auront apporté de précieuses informations pour la gestion de vos finances personnelles.

Si toutefois j’ai omis des points importants pour vous ou que vous voyez des imprécisions, n’hésitez pas à m’en informer, je pourrai alors vous renseigner ou enrichir l’article.

A bientôt !

Frugalman

 

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